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MANGIN@MARRAKECH

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4 novembre 2021

Le blog perdure…

Chers amis Marrakchis, Avec l'autorisation de la famille de Michel de Mondenard, le blog va pouvoir perdurer et continuer à récolter nos souvenirs et nos retrouvailles. Merci à eux Lalla Claudine
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22 février 2022

Prochaine rencontre d'un groupe de Marrakechis

Comme tous les ans le groupe de Georges Stachewsky se retrouve à la découverte d'une région de France.

Cette année nous optons pour la Dordogne du 20 Septembre au 25 septembre.

Si vous êtes intéressés contacter Georges  sur son mail.

Lalla claudine

MRK Place Djemaa El Fna

  

4 septembre 2021

Culte d'action de grace en hommage à Michel de Mondenard

faire-part Michel 5aUn culte d'action de grace sera célébré le 18 septembre à 11h à la Chapelle du Luxembourg, Paris 6e.

14 juillet 2021

Disparition de Michel de Mondenard

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Nous avons l'immense peine d'annoncer le décès soudain de Michel de Mondenard, le 10 juillet 2021 à la suite d'un accident vasculaire cérébral. 

L'enterrement aura lieu le 15 juillet 2021 dans son village, puis un culte sera célébré en septembre.

Merci de l'accueil que vous lui avez réservé dans la belle communauté des marrakchis.

Vos commentaires sur cette page seront lus par la famille.

16 juin 2021

BA 707 - ACCIDENTS D'AVIONS PENDANT LA GUERRE, ENTRE 43 & 45 - LE CAPITAINE GRALL ET SON ÉQUIPAGE

La plupart des 37 accidents identifiés ne furent pas mortels et eurent lieu sur les terrains de Marrakech-Menara ou de Marrakech-Sidi-Zouine, cependant quelques crashes se produisirent ailleurs: Asni, Boujab et pour le Capitaine GRALL et son équipage à l'ouest de Tamelelt (aux confins du territoire Rehamna). 

Le blog a reçu un message de Nathalie: "Bonjour, mon oncle Robert VILLAIN né le 11/11/1921, sergent,  a également trouvé la mort dans l’accident du 25/09/1944 à Rehamna sous les ordres du Commandant GRALL."  Comme le savent les lecteurs du blog Mangin@Marrakech, nous ne laissons pas passer une information de cette importance, d'autant que nous connaissions la tombe du capitaine GRALL au carré militaire du cimetière du Guéliz, mais pas celle de l'oncle de Nathalie.

photo_1

Nous lui avons demandé une photo de son oncle et elle nous a donné en plus des informations précieuses sur l'accident.

Le jeune sergent Robert Villain sur sa moto dans le bled marrakchi.

Nathalie: "Tout d’abord je tiens à vous remercier pour l’intérêt que vous avez porté à mon message et pour votre retour.

La tombe de mon oncle se trouve pourtant bien au cimetière européen de Marrakech où nous sommes allés nous recueillir en famille à plusieurs reprises.

Je ne peux vous transmettre qu’une photo que ma grand-mère m’avait donnée. Nous n’avons pas retrouvé son livret militaire que ma grand-mère conservait pourtant, ni son carnet personnel, sorte de journal qu’il tenait chaque jour consciencieusement jusqu’à son accident à 22 ans...."

La presse avait été très discrète, comme habituellement en période de guerre. Seuls deux journaux : l'Echo d'Alger et le Petit Marocain ont relayé une dépêche laconique de l'Agence France-Presse le 1er octobre, après que la cérémonie des obsèques eut été terminée et sans citer de noms.

Grall-journaux

Nathalie complète par des informations ignorées de la plupart des marrakchis à l'époque: "J’ai pu obtenir des informations supplémentaires d’un membre de ma famille sur l’accident d’avion dont a été victime mon oncle (il avait il y a longtemps rencontré le voisin de chambre de mon oncle, lequel était allé reconnaître les 7 corps après l’accident) :
L’équipage était composé :
- du Capitaine GRALL,
- du Lieutenant JOURDAN,
- du Sous-Lieutenant KOUIDER,
- du Sergent Chef DE SIGALONY,
- du Sergent VILLAIN (mon oncle),
- du Sergent DUPOUY,
- du Sergent MAGOULES.
L’avion, un VICKERS WELLINGTON type III n° H.E 127, prenait le départ pour une mission d’entraînement à la navigation sur l’itinéraire Marrakech / Kasba-Tadla / Mechra Ben Abou / Safi, cible de bombardement (pour bombardement fictif) /Marrakech.

L’avion a décollé de Marrakech à 8h42 et survolait le terrain se dirigeant vers Kasba-Tadla vers 8h50 à 600 mètres d’altitude. Il s’est écrasé au sol peu après 9h sur la route de Kasba-Tadla à quelques kilomètres à l’est du village Tamlelt.

Le rapport d’enquête a indiqué que le feu a pris à bord au moteur droit, lequel aurait enclenché le largage du dinghy qui, heurtant les gouvernes, aurait rendu l’avion incontrôlable. L’avion avait continué son cap en se mettant en ligne de descente légère, comme s’il avait voulu se poser dans la plaine après la ligne de hautes collines. L’avion a continué sa descente. Arrivé à 50 ou 100m d’altitude, l’avion a viré brusquement à droite en s’inclinant fortement avant de heurter le sol après avoir effectué un changement de direction à 120°, explosant sous le choc, se retournant complètement et se répandant sur 150m. Tout l’équipage a été tué sur le coup. Ils avaient tous agrafé leur parachute.

J’espère que ces informations pourront permettre de rendre hommage à cet oncle que je n’ai malheureusement pas connu mais pour lequel j’ai une affection, un respect et une admiration sans borne."

L'accident se produisit un mois seulement après la Libération de Paris (24 aout 1940). Nous imaginons l'enthousiasme de ces jeunes aviateurs, prêts à repousser l'ennemi nazi en dehors de nos frontières, voulant participer à la destruction définitive de ses armes  afin de retrouver la Liberté.

Nous remercions Nathalie pour ce partage et ces précieuses informations qui nous permettent de garder la mémoire et de rendre hommage à cet équipage dont nous savions si peu et à qui nous devons beaucoup. Ces jeunes aviateurs venaient de différentes régions de France dont la Martinique et d'un pays ami. Commençons par le plus jeune et poursuivons jusqu'au plus haut gradé.

Robert VILLAIN, oncle de Nathalie, sergent, le plus jeune de l'équipage, ( 22 ans et 10,5 mois) né le 11 novembre 1921 à Fontaine-le-Comte dans le Poitou. Mort pour la France. (avait autrefois sa tombe au cimetière du Guéliz).

Henri Georges DUPOUY, sergent-radio, (24 ans et 5,5 mois), né le 10 avril 1920 à Verteuil d'Agenais en Aquitaine. Mort pour la France. Tombe non localisée.

Georges MARRAUD de SIGALONY, ( 24 ans et 6 mois, 8 jours), sergent chef, né le 16 mars 1920, à Fort de France , en Martinique. Mort pour la France. Tombe au cimetière européen de Marrakech; carré H, rang 16, tombe 351.

Moïse MAGOULES, sergent, ( 24 ans et 6 mois), né le 22 mars 1920 à Lamagistère en Occitanie. Mort pour la France. Sa tombe est au cimetière du Guéliz, Carré militaire H, rang 16, tombe 353. Sa maman Félicia est décédée à Agen en 1988.

Mechri KOUIDER, Sous-lieutenant, (24 ans et 10,5 mois) né le 10 novembre 1919 à Casablanca-Maroc. Mort pour la France. Tombe non localisée.

Roger JOURDAN, Lieutenant navigateur, (33 ans et 9,5 mois) né le 5 décembre 1910 à Ste-Marie Pyrénées Atlantiques. Mort pour la France. Tombe non localisée.

Jean-Marie GRALL Capitaine pilote, (42 ans et 6,5 mois) né le 10 mars 1902 à Plourin-les-Morlaix en Bretagne. Mort pour la France. Sépulture au cimetière du Guéliz, carré militaire H, rang 16, tombe 346.

Nous accueillons volontiers les familles de ces valeureux militaires qui auraient des photos ou des documents à partager sur ce blog.  Il est important en effet que leurs histoires respectives ne s'effacent pas dans l'oubli.

 Localisation du crash du Vickers-Wellington, le 25 septembre 1944.

Crash-Wellington-25-09-1944Le Wellington n°127 s'est écrasé dans la zone repérée par un rectangle de 8 points bleus en territoire Rhamna et à proximité de Tamallalt.

A l'époque de l'accident le Lieutenant-Colonel BREYTON commandait la Base 707 depuis mars 1944. 

Base707-1945On peut distinguer les avions monomoteurs et bi-moteurs rigoureusement alignés sur le Tarmac

Wellington-base-707L'un des Vickers-Wellington dépendant de la Base école de Marrakech - EAPN

REPÈRES DANS LA CARRIÈRE DU CAPITAINE Jean-Marie GRALL 

1929 - Le sergent-chef-pilote GRALL se distingue lors d'un concours en juillet-aout 1929. Il fait partie sous les ordres du Capitaine Jobert de la première escadrille du 21e Régiment d'aviation de Nancy. Son escadrille participe au concours des avions de bombardements et gagne la coupe "Military Zenith" des avions de bombardement en ayant de meilleurs résultats que l'escadrille concurrente du 22e Régiment d'aviation de Chartres. L'escadrille de Nancy reçoit outre les médailles du concours une prime de 6000 francs. L'escadrille était formée de 5 avions 'Lioré et Olivier' type LeO 20 BN3 , moteurs « Gnome Rhône Jupiter » de 420 CV. Le raid de nuit eut lieu les 22 et 23 juillet et les bombardements de nuit sur cibles la nuit du 9 aout 1929.

L'Air_Photo-

Photo Scherbeck - Au milieu le Cne JOBERT navigateur et le Sgt-chef GRALL pilote, derrière eux le S/Lt FROMENT mécanicien.
1935 - En avril, l'Adjudant GRALL livre à l'Aéroclub civil de Marrakech dont il est le pilote référent, le nouveau 4 places que l'Aéroclub vient d'acheter. Le club marrakchi détenait déja un Caudron biplan baptisé "Koutoubia", le nouveau monoplan portera celui de "Ville de Marrakech". Ces deux avions servent aux baptêmes de l'air, à la formation des pilotes civils, au tourisme aérien au dessus de l'Atlas, aux hommes d'affaires allant d'une ville à l'autre. Le " ville de Marrakech" un Caudron de type pélican C-510 est baptisé au champagne par la générale Catroux qui en est la marraine et l'Adjudant GRALL prend à son bord pour le vol d'inauguration le Général Catroux ainsi que MM du COLOMBIER et SOMBWAY les Président et Vice-P. de l'Aéroclub. En mai il participe à la fête du Printemps à Tamlelt où il pose en douceur le "Ville de Marrakech" sur le petit et tout nouveau terrain d'aviation de la localité.
1936 - L'Adjudant-chef GRALL complète sa formation de moniteur-instructeur en suivant un stage au centre d'instruction du parachutisme d'Avignon-Pujaut
1938 - En avril, lors de la fête de l'aéroclub, l'Adjudant-chef GRAAL est unanimement remercié pour son engagement dans la formation des pilotes civils sur ses temps libres, notamment MM. Guillaume et les frères Maheu. On y apprend qu'il est inscrit sur le tableau de la Légion d'honneur.
1944 - Le 4 juillet, le capitaine GRAAL et l'Adjudant GRANDJEAN ont un accident avec le LeO-451 n° 504 sur la base de Marrakech. L'accident fut uniquement matériel semble-t-il, mais seulement 2 mois et demie avant le terrible accident du Vickers-Wellington.
Après l'accident de Tamlelt, les Marrakchis ont voulu honorer sa mémoire en baptisant l'une des rues du Guéliz: "rue du capitaine Graal"  Elle se trouvait proche de la rue du BANI, mais a changé de nom après l'Indépendance.
Il serait nécessaire de disposer du livret militaire du capitaine GRALL pour lui rendre hommage en décrivant la totalité de sa carrière. Cela vaut aussi pour les autres membres de l'équipage. Nous espérons des photos et des témoignages de la part de leurs familles et amis.

L'ITINÉRAIRE DU SERGENT-CHEF Georges DE SIGALONY

Baccalaureat en juin 1937 à Fort de France, il gagne Paris pour s'inscrire en Droit. Il valide sa première année de licence à la Faculté de Paris-Panthéon. Ses études sont perturbées, il est mobilisé en mars 1940. Il s'engage pour être pilote. 

Tombe-Sigalony-MRK-H16-351

Il reçoit sa formation à l'école élémentaire de pilotage n°23 au Mans. Avec une centaine de ses camarades il se rapproche de la Manche à Morlaix et s'embarque dans la nuit du 18 au 19 juin à bord du Tribouliste pour passer en Angleterre.

Sur le sol Britannique, il s'engage immédiatement dans les Forces Aériennes de la France Libre (FAFL) qui lui font continuer sa formation de pilote dans la Royal Air Force. Il obtient son brevet de pilote bi-moteur le 6 décembre 1941.

Sergent pilote, il est affecté en avril 1942 au Bataillon de l'Air n°1 de Bangui (en Afrique Française Libre). Il reçoit une nouvelle affectation à la base de Damas en aout. En 1943 il est en Angleterre, base de Camberley pour parfaire sa formation. En juillet 1944 il est muté à la Base École de Marrakech avec le grade de sergent-chef. Au carré militaire du cimetière de Marrakech sa tombe indique sa mort par erreur le 21 au lieu du 25.

MONUMENTS, PLAQUES ET CROIX DU SOUVENIR

Ces sept aviateurs ont péri alors qu'ils étaient en mission, leur sacrifice a justifié la mention "Mort pour la France" pour chacun d'eux; pourtant il ne semble pas que les services de l'Armée aient informé leurs communes d'origine de leur décès. Après vérification pour deux d'entre eux, leurs mairies de naissance n'ont reçu ni la date, ni le lieu, ni le motif de leur mort. Il n'y a pas de mention marginale à côté de leur acte de naissance. Leurs noms ne figurent sur aucun monument aux morts à l'exception des trois qui sont nommés dans le carré militaire de Marrakech. Les anciens de Marrakech rendent hommage à tous les sept.

Annexe : 37 Accidents d’avions sur la période janvier 1943 - 7 mai 1945 dans la zone de compétence de la BA - 707 de Marrakech. (mais en réakité beaucoup plus)

Ces informations proviennent des archives officielles du SHDAI 

Ci-dessous trois lignes par accident: 1ere ligne - n° du bureau d'enquête, date, lieu; 2° ligne - Noms et grades des personnels concernés; 3°ligne - Modèle et n° de l'avion, formation et nombre de photos faisant éventuellement partie du dossier. 

AI 6D 32 - 04/02/1943 Marrakech 

GRIDELET (sgt), DESCLAUX (adc), LE TORREC (adj), CLAVAUX (adj)  

LeO 451 n°248, & LeO 451 n° 188 – Groupe 1/19 – 4 photos.

AI 6D 32  - 05/02/1943 Marrakech 

???

LeO 45 n°433  GB 1/11

Nous ne savons pas à quel(s) accident(s) rattacher les décès de François BERTHE de POMMERY (EAPN) et d'André BOURGUIGNON d'HERBIGNY le 5 mai 1943.

De même les décès le 9 juin 1943 du Lt Jean Paul ROCHAS et du Cne Pierre FAURE.

Et le 29 décembre 1943 du S/Lt Jean-Pierre ARNOULIN, accidenté à Chemaïa.

Pour le premier semestre de l'année 1944, nous notons d'autres décés dont nous ne savons pas non plus où ils se sont produits et à bord de quels avions:

22 février 1944 : Sergent-Chef Armand SAURY et Caporal Serge BOISSARD (EAPN)

20 mars 1944: Lieutenant Guy DUBALEN en mission vers Safi

4 avril 1944: Capitaine-pilote Gabriel DEBAIZE (ou DEBRAIZE) et Capitaine-Pilote Henri FOURNIOL

Ainsi il semblerait qu'aucun rapport d'accident ne soit parvenu pendant plus d'un an au Bureau d'enquête.

AI 6D 34  - 03/06/1944 Sidi Zouine 

RUYSSEN (sgc), HARCHINCHE (sgt)

Cessna 78 n°37297  EAPN

AI 6D 34 -  05/06/44  ???

TAFANI (sgc),  LYS, Philippe DELOS Lt navigateur, 

DB7 n°79   EAPN

AI 6D 34  - 08/06/44  ( 3 Km à l'Est d'Asni) 

LEROUX Jean (adc),  ARCHINCHU Jean (sgt),  LEROUX Roger (cal),  HELOU Paul (sgc), GOUZZIN Ernest (eat), FOURNOU Jean (ear), MARCADET Pierre (ear),  DUMAS André (adj).  –

Morts du 8 juin: Aspirant Ernest GOUËZIN, Ear Pierre MERCADET, Caporal Roger LEROUX, Sergent Jean HARCHINGUP, Sergent-Chef Paul HELOU. (Il semblerait que trois aviateurs ne sont pas décédés lors de l'accident).

LeO 451 n°395 EAPN

AI 6D 34  - 10/06/44  Marrakech 

COURTOIS (sgc), GAULNIER (Cne), LEBEAYPIN (sgt), CHAUSENSSON (adc),

Cessna 78 n° 37376  - EAPN Marrakech

AI 6 D 34 - 13/06/44 Sidi Zouine 

GLESE (sgt), PRUNET (sgt) –

Cessna 78 n° 37366  EAPN

AI 6D 34 - 14/06/44 Marrakech 

OLIVAUX Yves (sgt), DEMANGEAT Marcel (adj), KALIS Hubert (ear), LAGONNE Paul (ear) –

Cessna 78 n°37452 -  EAPN

Morts du 14 juin: Adjudant Marcel DEMANGEAT

AI 6D 35  - 04/07/44  Marrakech

GRALL (Cne), GRANDJEAN (adj), 6 passagers –

LeO451 n°504 – EAPN

AI 6D 35 - 18/07/1944  Sidi ZOUINE 

COURTOIS Léon (sgc)

DB 7 n°134 – EAPN

Mort du 26 juillet 1944: Sergent-chef Jean BOURY

AI6D35 - 27/07/1944 Marrakech

BOURGEADE (sgc), MANCELIN (adj), DE BEAUCHAMP (sgt), JONCHAIS (ear)

Cessna n°37299CIDEM 

AI 6D 36 - 02/08/44 SIDI ZOUINE 

COURTOIS Léon Pierre (Sgc) 

DB7 n°53 CIDEM - Le Sergent-chef Courtois en est à son 3ème accident: 10 juin, 18 juilet, 2 aout.

AI 6D 36 - 08/08/44 Sidi Zouine 

BENITSA Edmond (Adj), LANGLOIS Jean Pierre (Slt )

Cessna 78 n°37292  CIDEM 4 photos

Le 8 aout mort d'Edmond BENISTA et le 10 aout 1944 mort du S/Lt Jean-Pierre LANGLOIS-BERTHELOT

AI 6D 36 - 12/08/44 Marrakech 

CHENAVARD Lt  

Cessna 78 n° 37446 Cidem

AI 6D 36 - 13/08/44 Sidi Zouine 

CASENEUVE Antoine Sgt, GACHADOIT ear, CARRERE René Sergent, VICHERAT Sgt, 

Cessna 78 n°37444 et n°37780. CIDEM

AI 6D 36 - 14/08/44  Marrakech 

CARRERES Sgt, DUJARDIN Sgc, DE FONTAINE Adt, 

Cessna 78 n° 37291; CIDEM

AI 6D 36 - 18/08/44  Marrakech 

Royer Alfred Lt,  ANSELEM Sgt,  CAQUET Paul Lt,  TROUILLOU Paul Adjt,  FLICK Walter Sgt,  DEGASTINE ear, DELOZANNE ear,  KALM ear, MANGUENE ear,  LOPEZ Sit,  BALDOT Adjt, 

?????   CIDEM. 5 photos

AI 6D 36 - 31/08/44 Marrakech 

HERICAULT, (adj) 3 passagers  

DB7 n°47 CIDEM

AI 6D 37 - 01/09/44  Sidi Zouine  

DEBRAS Cne , COUTIER Sgt, FAURE Cal;  

DB7 n°123 CIDEM

AI 6D 37 - 25/09/44 Tamlelt

GRALL (Cne), DE SIGOLANY (sgc), JOURDAN (Lt), KOUIDER (SLt), VILLAIN (sgt), DUPOUY (sgt) , MAGOULES (sgt), 

Wellington n°NR127  CIDEM  4 photos

AI 6D 37 - 27/09/44  Sidi ZOUINE,  

CELSE SgtC, BRISWALTER (slt). 

Cessna N°78 n° 31975, CIDEM

AI 6D 37 - 26/09/44  Marrakech. 

MORDACQ Cne, GULBEN Klan ear;  VERNIER cac;  

DB 7 n°135. CIDEM

AI 6D 37 - 29/09/44  Marrakech 

MARILL Georges Adj,  LAGARCE Amand Sgc;   

DB7 n°25; CIDEM

AI 6D 38 - 01/10/44. Marrakech 

ABOUBARAM Asp; NEYS Adt; DE LASTERADE SLt; LOCHES SLt,  

Cessna 78 n° 332041 CIDEM

AI 6D 39 - 02/11/44; Marrakech; 

BRISWALTER Georges  sit; MANCELIN  Adt; BRUN Michel SLt, DUMANS André SLt;  

Cessna 78 n° 331960; CIDEM.

AI 6D 40 - 02/12/44 Sidi Zouine 

LARGEAUD André SLt, ABOUDARAM Asp;  

Cessna 78 n° 331049 CIDEM

AI 6D 40 - O2/12/44 Sidi Zouine; 

BRUGGERE Jacques Adjt; THERNOZ-LORCIERE cal; 

Cessna 78 n° 37737 CIDEM

AI 6D 40 - 23/12/44  Marrakech

LIOTARD Paul Sgt; VALDEYRON SLt, DELAPLACE ear; GAILLARDOT Norbert Sgt; 

DB7 n°47 et DB 7 n°67;  CIDEM 2 photos

AI 6D 40 - 23/12/44 Boujab;  

CARIN Jean Lt;  

A24 n°254697  CIDEM; 

AI 6D 41 -  02/02/45  Marrakech

FAVIER Guy (Adj), BARRE (Adj), JOURDAN (Adj) 

Cessna 78 n° 331973 – CIDEM

AI 6D 45 - 09/03/45  Sidi Zouine

NORODOM Songdeth (sgt), 

DB7 n°13  CIDEM

AI 6D 41 - 16/03/45  Marrakech

ANDRIEU Charles (Slt), MONLOUBOU (Slt), DEBROSSE Marc (sgt) , CLOAREC Yves (Sgc) , CONDOFOULOS (FFA), LE CORNEC (FFA), LEROUX (FFA),

Wellington n°HZ143  CIDEM

AI 6D 41 - 17/03/45  Marrakech

MORAI Maurice (sgt), ABDESLAM BEN MOKTAR 

Cessna 78 n°331943 et Cessna 78 n° 37389  CIDEM

AI6D 41 - 27/03/45  Sidi Zouine,

HOCHE (adt), TERROL (asp) , CASUS (sgt), MALIS (ear)

DB 7 n°128  CIDEM

AI 6D 41 - 29/03/45  Marrakech

DECHAUX (Cdt), GUILLOT (Slt), FONTAINE (asp)

DB7 n°134  CIDEM

AI 6D 42 - 30/04/45  Sidi Zouine

COLLET (asp), CARPINI (sgt)

DB7 n°135  CIDEM

AI 6D 42 - 05/05/45  Marrakech

BOINNOT Henri (Lt),  FUSCHINO Jean (Sgc), VALERE André (Cne),  HOLZENER Lucien (sgt)

DB7 n°67  CIDEM 

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9 juin 2021

PREMIERS QUARTIERS ET PREMIÈRES RUES DE MARRAKECH

Savine-Dans-les-fers-du-moghreb-1911

D'après le livre d'Albert SAVINE, 'DANS LES FERS DU MOGHREB', Récits de chrétiens esclaves au Maroc (XVIIe et XVIIIe siècles) annotés d'après les documents d'Archives et les Mémoires'

Ce livre a été publié par la Société des Éditions Louis MICHAUD, 168 Boulevard Saint-Germain, Paris Edition de 1912.

Notre ami Joseph DADIA nous propose la lecture de deux passages de cette oeuvre. Il les a sélectionné, page 13 et page 20, en fonction de ce qu'ils révèlent du plan des rues et des quartiers de Marrakech, notamment ceux qui situent l'habitat des juifs et celui des chrétiens dans une capitale musulmane à l'époque où la Ville rouge avait pour nom 'MARROC'. Ces passages montrent aussi ce qui distinguait et ce qui rapprochait les communautés aux yeux des marocains. Merci à Joseph DADIA de nous avoir révélé ce livre.

 La Barbarie a servi d’asile aux Juifs chassés d’Espagne. Les Maures les ont reçus à des conditions très onéreuses et, outre le mépris souverain qu’ils ont pour leur personne, ils ne leur permettent pas d’habiter dans l’enceinte de leurs murailles. A cet effet, les Maures leur ont permis de bâtir une bourgade à côté de leur ville, plus ou moins grande suivant le nombre de leurs familles. Les Maures ont coutume de dire que les Juifs sont des keffers et les Chrétiens aussi, - keffer signifie infidèle -  de sorte que keffers et keffers peuvent bien être logés ensemble et dans les mêmes enclos, avec  cette différence que les Chrétiens peuvent choisir les maisons les plus belles pour y loger. La raison de cette préférence, disent-ils, est que les Chrétiens  sont libres, ont un roi, font la guerre et la paix, possèdent un pays, au lieu que les Juifs dispersés, sans pays, sans roi, ni sans aucun gouvernement particulier, sont une preuve visible de la punition dont l’Etre suprême, justement irrité contre eux, leur fait sentir le poids.

Les esclaves chrétiens sont logés avec  les Juifs, et la rue destinée à cet effet est appelée Amit  ou quartier des Chrétiens. Les esclaves chrétiens qui y sont déjà logés nous reçoivent avec tendresse et compassion. Chaque nation est contenue dans un quartier particulier de ladite rue et l’empereur comme un chef maure qui a droit sur tous les esclaves des différentes nations. […]

Les renégats ont un quartier séparé  des Maures, des Chrétiens  et des Juifs.

Le gouvernement des Juifs est absolument le même que celui des Maures, et les uns comme les autres sont obligés de payer les taxes que le roi juge à propos de leur imposer.

Je n'ai aucun commentaire à faire, sinon qu'il s'agit de pages rares écrites sur Marrakech et ses rues. 

Fait à Kervenic-en-Pluvigner, 9 mai 2021

 Joseph DADIA.

Merci à Joseph DADIA de nous avoir fait découvrir ce livre qui nous parle de Marrakech, de ses quartiers, de ses rues et de ses habitants des principales religions monothéistes. Il nous donne aussi l'occasion de publier des témoignages d'époque qu'Albert Savine a probablement consultés.

Notes : La 'Barbarie' est le nom donné à cette époque au Royaume du Maroc par les européens, il a son origine dans "berbérie". Les berbères y vivaient bien avant les Arabes. Certains l'appellent à l'époque "Mauritanie",  ce qui ne correspond pas à la Mauritanie d'aujourd'hui. Maure désignait les habitants de l'Afrique du Nord.  'Keffer' est un nom donné aux non-musulmans et même aux musulmans dont la théologie est jugée déviante. 'Amit' pour un nom de rue n'a pas d'origine arabe, il existe un prénom juif Amit עמית‎ mais c'est possiblement aussi une origine latine, les chrétiens de différentes nationalités s'appelant "amit" entre eux ( ami, amico, amigo).

orfevres-juifs-9

Les juifs expulsés d'Espagne par Isabelle la catholique ont émigré au Maroc et dans d'autres pays en 1492. Il y avait déja des juifs au Maroc, les 'Beldiyyin', principalement des orfèvres qui vivaient dans le quartier du Mouassine qu'ils partageaient avec les Arabes et les Berbères musulmans.

Echoppe d'orfèvres juifs. Photo R.Moreau.

Les nouveaux arrivants d'Espagne, les juifs 'Mégorashim', vinrent les rejoindre, la plupart dans ce même quartier. Le sultan qui régnait en 1557, Moulay Abdallah Al Ghalib Billah, décida pour les protéger de les regrouper plus près de son palais dans un quartier entourré de hauts murs et accessible par une seule porte fermée la nuit: ce quartier pris plus tard le nom de Mellah. 

Lettres de visiteurs de Marrakech au début du XVIIe siècle

Nous ajoutons deux extraits de lettres de témoins, l'une rédigée en 1606 par Jean Mocquet, un apoticaire français en voyage d'études entre Safi et Marrakech au service du Roi de France, Henri IV; l'autre écrite vers 1665 par Thomas Le Gendre, un commerçant de Rouen, pratiquant l'import-export. Il connaissait Marrakech dès 1617 et jusqu'à 1625; il obtint ensuite des renseignements par son frère présent de 1631 à 1633, puis par d'autres personnes de leur entreprise.

Pont-du-Tensift-Photo-Greber-1912

L’arrivée en vue de Marrakech de Jean MOCQUET le 1er septembre 1606.

L’accueil par un groupe de prisonniers 'les fers aux pieds' et les conséquences de l'évasion d'un renégat.

Le Pont du Tensift construit à la fin du XIIe siècle; Photo P.Grébert, 1912.

" Le fleuve Tensift porte les plus excellentes truites du monde, étant petites et fort rouges de chair, mais d’un très bon goût, et sont fort estimées à Marroc (Marrakech). 

" Le lendemain matin ayant cheminé un peu nous découvrîmes la ville de Marroc en une grande campagne, & semble que cette ville soit proche du mont Atlas, encore qu'elle en soit à plus de sept lieues. (une lieue équivaut à 5km environ)

" Nous trouvâmes sur nôtre chemin quelques Chrétiens qui venaient au devant de nous. Ce sont des gens qui trafiquent là. Quand ils entendent que quelques autres Chrétiens viennent avec la Cafile (caravane indigène), ils sont bien aise de les venir reconnaître en chemin ; et ceux-ci amenèrent avec eux un petit mulet chargé de vivres. (vendeurs attendant les voyageurs des caravanes)
Or la plus part des Chrétiens de cette Cafile étaient Anglais, prisonniers, les fers aux pieds , et avaient été arrêtés à Safi, à cause d'un Al-caïd nommé Abd el Acinthe, qui était Portugais de nation, mais Renégat ; et pour ses capacités et sa valeur on lui avait confié le commandement sur la Cafile qui retourne de la ville de Marroc à Safi, avec environ 500 soldats sous sa charge. 

" Or il arriva d'aventure qu’Antoine de Sardaigne et Pierre Cézar gentilshommes Portugais avaient été pris à Tanger en Afrique & menés à Marroc, & y ayant été détenus captifs treize ou quatorze ans jusqu’à ce qu'ils furent rachetés par le moyen du sieur Arnault de L’Isle médecin, établi à Marroc comme agent pour représenter le Roy Henry le Grand (Henri IV). Comme ces deux Portugais s’en retournaient en liberté cet Al-caïd Abd el Acinthe avait négocié avec eux de se sauver dans leur même vaisseau où ils devaient s’embarquer. Pour ce faire il alla poser son Al-mahalle vers le lieu où on va prendre de l’eau pour les navires près du Cap de Cantin; et  étant là une nuit, il dit à ses gens qu'il avait fait venir une Moresque , avec laquelle il désirait aller parler en secret assez loin du camp, & ne mena avec lui qu’un sien esclave. Quand il fut près de la marine, ii fit feu avec un fusil qui était le signal qu’il avait donné à ceux du navire. Aussitôt qu'on vit Ie feu, voici les gens du bateau qui étaient cachés dans des broussailles, qui vinrent se saisir de sa personne, l’enlevèгеnt et le portèrent en leur vaisseau , dans lequel il se sauva: l’esclave s’enfuit à ГАl-mаhаllе pour conter la prise de son maître, dont chacun fut bien étonné, et se retirèrent tous à Safi. Mais comme les gens d’un bateau Anglais en ce même temps furent venus à terre pour charger plusieurs marchandises dont ils avaient besoin, ils furent arrêtés, & on leur mit les fers aux pieds, comme je les vis dans le château de Safi en fort pauvre équipage.  Ils furent depuis menés à la ville de Marroc, où les marchands payèrent pour eux je ne sais combien d'onces d’or, qui était la rançon à peu près de l’Al-caïd Abd al Acinte qui s’était sauvé. Car ces Rois là ne veulent rien perdre, étant la coutume à Marroc que si un esclave s’enfuit, tous les autres ensemble le payent, se cautionnant tous les uns les autres pour aller libres par la ville sans fers aux pieds; ce qui s'entend des pauvres : car pour les riches ils sont mis en la Sisaine (Segena), qui est la grande prison du Roy, ou ils sont bien gardés comme l’étaient les deux gentilshommes Portugais. "

Note: Les renégats logeaient dans un quartier séparé à Marroc. Il s'agissait de mercenaires d'origine chrétienne qui pour accéder à des fonctions administratives ou militaires plus élevées et réservées aux musulmans se convertissaient à l'Islam.

La première nuit de Jean Mocquet dans la maison des chrétiens et la visite aux Toubibs du roi-sultan, le Sieur Arnault de l’Isle qui habitait dans le quartier du Mellah et son jeune confrère le sieur Etienne Hubert.

" Pour revenir aux Chrétiens de Marroc qui vinrent au devant de nous, ils nous firent fort bonne chère dans un jardin le long d’une eau courante, à deux ou trois lieues (4 à 6 km) de la ville de Marroc. L’al-mahalle n’entra point pour ce jour à Marroc, mais je la laissai où elle était posée, & je fus coucher dans la ville en la maison des Chrétiens, payant mon entrée au Talbe ou greffier. Ce fut le 2 de septembre 1606. Je ne manquai pas, si tôl que je fus arrivé, d’aller visiter le sieur Arnault de L’Isle, médecin, qui était logé en un beau logis en la Juderie ou Juiverie. 

Le sieur Arnault de L’Isle était depuis longtemps auprès de la personne du roi de Marroc en qualité d’agent pour nôtre roi Henry le Grand (Henri IV), et  y avait été en plus envoyé le sieur Etienne Hubert, médecin du Roy, pour relever le sieur de L’Isle, puis tous deux étaient revenus en France; mais depuis ledit sieur de L’Isle y était retourné. 

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Le sieur Etienne Hubert demeura environ un an à Marroc, exerçant la médecine auprès du Roy, & là, suivant son principal dessein, qui l’avait porté à faire ce voyage, il apprit si bien la langue arabique, qu’il s’y rendit depuis fort savant, comme il en a fait de son vivant profession publique & royale à Paris avec grande célébrité. Il se contenta de sortir de ces pays plus chargé de science & de livres arabiques que de richesses & autres commodités, lesquelles le sieur de L’Isle fut plus heureux que lui. 

" Étant donc allé en la Juderie, j’y fus conduit par un Juif qui m’allégea de quelques réais, me donnant à entendre faussement qu’il fallait payer quelque droit à la porte de ce lieu où nous avions à entrer, & de fait il attira quelques-uns qui me vinrent quémander & il les fallut contenter. 

Cette Juderie est à plus d’une grande lieue de la douane où logent les Chrétiens, et proche du palais du Roi, & elle est comme une ville à part, entourée de bonnes murailles & n’ayant qu’une porte gardée par les Mores - cela peut être grand comme la ville de Meaux ( Jean Mocquet était natif de Meaux)

Là demeurent les Juifs au nombre de plus de 4000 & payent tribut. Il y a aussi quelques Chrétiens & là demeurent aussi les agents & ambassadeurs des princes étrangers. Pour le gros des Chrétiens, trafiquants & autres, ils demeurent à la douane. "

 Notes: On remarque que les chrétiens logent en deux quartiers distincts: ceux qui sont libres et dont l'activité principale est le commerce logent à la douane dans la maison des chrétiens, probablement située vers le souk de Bab el Khemis. Les ambassadeurs et autres représentants d'une altesse étrangère  habitent la Juiverie qui n'est pas encore appelée  'Mellah'. Arnault de l'Isle loge dans une belle maison parce qu'il est le médecin du Roi de Marroc. Pour les différentes sortes de prisonniers il existe plusieurs prisons distinctes. 

Arnault de LISLE fut le premier titulaire de la chaire d'Arabe au Collège de France en 1587 et fut nommé après l'obtention de son doctorat de médecine.

Du temps d'Henri IV la France était très bien considérée à Marroc, grâce à ses médecins et l'honnêteté de ses commerçants; cependant le parti des Guise qui intriguait avec l'Espagne de Philippe II avait créé la Sainte Ligue catholique et nommé un faux Consul de France, du nom de Castellane, lequel profita de la réputation d'Arnault de l'Isle pour endormir la confiance du Roi Moulay Zidane en prétendant qu'il allait mettre les 4000 magnifiques livres de sa bibliothèque en sûreté. Comme il ne les lui rendait pas, Moulay Zidane fit mettre en prison tous les français présents au Maroc comme monnaie d'échange. C'était l'Espagne qui avait récupéré tous les livres et ne les rendit pas. La France supplantée par l'Espagne, l'Angleterre, et la Hollande recommença modestement à traiter avec le Maroc à partir de 1631.

Thomas Legendre décrit Marrakech en 1625: les rues, les maisons, le palais, les jardins.

La ville de Marroc est fort grande, & beaucoup plus que ce qu’on appelle à Paris la ville (les onze premiers arrondissements), étant fort peuplée, comme de trois à quatre cent mille habitants de toutes sortes de religions & il y a des rues où, pour la multitude grande du peuple, on ne peut quasi passer. La plupart des maisons ordinaires y sont basses, petites & mal bâties, de terre & de chaux; mais les maisons des al-caïds, seigneurs & gens de qualité sont grandes & hautes, bâties de pierre, environnées de murailles, avec une tour haute au milieu pour aller prendre le frais, & il y a de nombreuses petites fenêtres & lucarnes; le dessus des maisons est plat.

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Le palais du Roy est bâti de petites pierres (zelliges), comme pièces rapportées, & il y a de nombreuses colonnes de marbre, fontaines & autres ornements. Leurs mosquées en grand nombre, sont bien bâties de marbre & couvertes en dôme avec du plomb. Dans les places il y a de grandes halles ou voûtes où se tiennent les marchands, entre autres ceux qui vendent les al-ebec ou vêtements, comme fruitiers. Il y a aussi quelques collèges pour instruire en leur loi. 

Un passage bordé de colonnes dans le Palais du Sultan. Photo Félix, 1913.

Il n’y a point de rivière qui passe par la ville de Marroc, mais de nombreux fossés & canaux en terre (seguias) pour conduire les eaux qui viennent en abondance des montagnes d’Atlas, partie de sources, partie de neiges fondues; & font dériver ces eaux ça & là pour leurs jardins & fontaines. Ils ont aussi des puits & citernes. Ils se servent du drainement de ces eaux pour arroser leurs terres & jardins. Hors la ville, aux environs,  par la campagne, y a grand nombre de jardins & vergers et toutes sortes de fruits & vignes, avec des eaux, & une petite habitation pour s’aller récréer ; ils tiennent là quelques esclaves à travailler. Toute la terre y est bonne & fertile, & ne la faut quasi que gratter & la semence fructifie incontinent. Les montagnes sont de tous côtés de la ville, sinon du côté que l’on vient de Safi qui est plat. Il y a les monts de Draa vers le désert, d’où viennent les bonnes dattes. Il n’y a point d’arbres en la campagne, sinon quelques palmiers. Tous les arbres sont dans les jardins, qui sont comme nos vergers.

Thomas Le Gendre parle des religions à Marrakech et de certains aspects de leurs cultures respectives vers 1625-1660.

Toutes les religions sont permises en la ville de Marroc ; les Juifs ont une Juderie fermée d’un mur d’enceinte à Marroc, assez grande, & il y a deux synagogues, & de mon temps y vivaient quatre ou cinq cents personnes juives dans cette Juderie. A Safi, il n'y a point de Juderie qui ferme pendant la nuit, mais il y a pourtant une synagogue. Les Mahometans permettant par tous leurs pays le libre exercice de religion, quelle qu'elle soit.

Les Juifs s'entremettent fort dans le commerce & dans les fermages, prenant ordinairement à ferme ou à rente les droits du roi des entrées & sorties, à cause de quoi on appelle ceux-là rentiers; & ainsi il faut en effet souvent passer par leurs mains. 

Les Juifs ne possèdent aucune terre en propre, mais ils ont quelques jardinages & vignes dans leur Juderie, & font quelque vin de raisin, mais très peu, & pas assez pour leur provision ; en sorte qu'ils ont, comme les Chrétiens qui arrivent en ce pays-là, recours au vin-de-passe. On appelle passe le raisin séché au soleil, duquel on met environ deux cent pesant dans une barrique qu'on emplit d'eau, & puis on le laisse bouillir de soi-même, & au bout de cinq ou six jours que cette eau & ce raisin ont bouilli ensemble, on le tire par la chante-pleure & c'est du vin blanc & trouble, & quoi que fait d'eau, il ne laisse d'être très fort & d'enivrer ceux qui en prennent trop. C'est donc de ce vin-de-passe que nous buvions ordinairement. 

Les Mores même n'ont pas de possessions ni de jardinages au delà de la portée du mousquet des murailles de leurs villes, parce qu'ils n'en jouiraient pas, les ‘Alarbes’ déroberaient tout de nuit ; ce qui est cause que ces gens-là ne cultivent point, & ne se servent point de la bonté de leur pays. Les ‘Alarbes’ même cultivent peu, à cause qu'ils sont nomades sur la moindre guerre qu'on leur veut faire. Ils sont seulement curieux, aux environs de leurs douars, de faire des blés & des orges dont ils emplissent leurs ‘ matamores ‘; ce sont des puits sans eau, très profonds, qu'ils emplissent de grain, jusques à fleur de terre, & y font dessus quelques marques pour retrouver ces magasins profonds, notamment quand ils sont contraints de se retirer en quelque autre contrée. 

Les Mores ne font point de vin & se contentent de manger leur raisin, soit mur, soit sec; mais les Mores les moins religieux à la dérobée, boivent du vin & de l'eau-de-vie, chez les esclaves chrétiens qui en vendent & chez les Juifs. Mais pour ce qui est des boissons de café, de thé & de ‘ cha ‘, on ne sait ce que c'est en ce pays-là. Ce sont des boissons qui sont en usage aux Indes & au Levant, & dont l'usage est venu aussi en ce pays-ci, & surtout en Angleterre, où ce café a beaucoup de débit, parce qu'il a la vertu d'empêcher de dormir ; en sorte que, quand une personne veut passer la nuit à travailler, il n'a qu'à prendre un doigt de ce café, cela lui ôte l'envie de dormir; & quant au thé & au ‘cha’, on dit qu'ils débrouillent la tête & délassent l'esprit, quand on a beaucoup étudié.   

Note: "Toutes les religions sont permises", ce qui peut surprendre un européen du XVIIe siècle où les religions autres que celle du roi sont persécutées. Il y a deux synagogues, probablement l'une concerne les familles juives établies à Maroc avant 1492: les Beldiyyin et l'autre synagogue a été construite par les juifs dont les familles ont été expulsées d'Espagne par Isabelle la catholique: les Megorashim. Ils n'avaient pas tout à fait les mêmes rites, ce qui justifiait les deux synagogues. 

Thomas Le Gendre localise les habitations des juifs et des chrétiens dans la ville de Marrakech, ainsi que les palais et les prisons.

"La Ville de Marroc: est pour le moins aussi grande que Paris, n'y comprenant point les faubourgs; mais elle est fort vaste y ayant beaucoup d’espaces vides. Elle est située en une plaine à sept ou huit lieues en deçà des montagnes qu'on appelle l'Atlas, desquelles, quand on est dans Maroc, on croit être fort proche, parce qu'elles se voient aisément, & leurs cîmes sont couvertes de neige en quelque saison que ce soit . De ces montagnes descendent plusieurs petites rivières de belle & bonne eau, qui viennent premièrement arroser un jardin qu'on appelle le petit Meserra, & y font un grand étang parfaitement beau, qui a bien mille pas en carré. Cette eau passe après dans un grandissime jardin, qu'on appelle ‘El-Meserra’ lequel est plein de rangées d'orangers, de citronniers, palmiers ou dattiers, oliviers, amandiers, figuiers & grenadiers, entremêlés d'arbrisseaux de jasmin & autres fleurs odoriférantes. 

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Gravure hollandaise d'Adrian Matham représentant la ville de Marrakech en 1640. On remarquera à gauche en "G" les vergers de l'Agdal; en "H" les synagogues dans la Juderie; en "I" La Montagne de l'Atlas; en "L" la porte des juifs; au centre le Palais, le Harem, la Koutoubia, les tombeaux des rois, ... 

"De ces deux jardins qui sont publics & communs, cette eau passe dans la belle maison du Roy, laquelle on appelle El Bedeh, où l'on dit (car je n'y suis pas entré) qu'elle fait quatre étangs, au bas desquels il y a quatre jardins, dont le haut des arbres vient à fleur & à l'un des étangs ; en sorte que les jardins sont en bas & les étangs en haut, & fort bien compassés, y ayant un jardin entre deux étangs, & un étang entre deux jardins. Les rois de Marroc donnent ordinairement leurs audiences sous le grand portail de cette maison ; & ainsi, c'est « aller à la Porte », aussi bien qu'à Constantinople. Mais quelquefois il y a eu des rois, lesquels, après avoir lait retirer les femmes dans un sérail, par le soin de la dame leur gouvernante, qui s'appelle ‘Larissa Ramena', ont donné audience dans leur maison à quelques ambassadeurs, mais bien rarement ; & ils ont donné cette audience dans une longue salle voutée, dont la voûte & les parois sont de fin or, à l'épaisseur d'un ducat, outre laquelle il y a encore tout plein de beaux corps de logis, à ce que nous contaient les eunuques, gardiens de cette maison, & les femmes juives qui y entraient pour porter des  provisions. 

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Joignant cette maison, il y en a encore une autre qu'on appelle le Michouar, où demeurent les ‘el-chef’ ou renégats qui accompagnent le Roi quand il sort.

Plan du Mellah et de son environnement par Beaumier.

Il y a aussi une autre maison qu'on appelle ‘Dar lachor’, c'est-à-dire: maison de la dîme; c'est une maison où les marchands chrétiens étaient obligés de faire porter toutes leurs marchandises arrivantes ; & puis 'l’Amin es Sultan', ou Trésorier du Roi, allait prendre le droit ‘el-hallal’, c'est-à-dire ce qui est licite, de dix ballots égaux un, & ainsi du reste. Il y a encore d'autres maisons jointes où demeurent les al-caïds, eunuques & autres officiers, & même un jardin commun, dans lequel il y a une fosse à lions ; & tout cela dans un grand enclos de murailles, lequel enclos on appelle ‘Al caseba ‘- c'est comme à Paris le Louvre. 

"Joignant cet enclos, il y a une grande mosquée longue de cent pas, & sur cette mosquée une tour carrée, de laquelle sort par haut une grosse tige de fer, dans laquelle sont passées trois pommes d'or, la première fort grosse, celle de dessus moindre, & celle de dessus encore moindre. Lesquelles pommes d'or, notamment la plus grosse, qui est celle de dessous, sont bossues de plusieurs coups de mousquet qu'on leur a tirés, & même en plusieurs endroits percées à jour ; car elles ne sont pas massives, mais seulement de l'épaisseur du doigt. De quoi m'étant étonné & ayant demandé à de vieux Mores d'où venaient ces coups de mousquet, me firent réponse que c'était les soldats de Yacob el-Mansor (Moulay Abdallah bou ech-Cheikh), lorsqu'ils prirent la ville, qui les avaient ainsi canardées. Mais ayant répliqué : « D'où vient qu'ils ne les ont pas enlevées ? « O qu'ils n'avaient garde de le faire ! me repartit-on, car elles sont sacrées.»

"Au bout de cette mosquée, il y a une salle en forme de chapelle, qui est la sépulture des rois de Marroc, où les Chrétiens entraient librement accompagnés du concierge, où j'ai vu plusieurs monuments élevés de deux ou trois pieds seulement & cette salle est en voûte, & la voute et les parois concavées à la mosaïque, & ces fossés ou concavités dorées de fin or à l'épaisseur d'un ducat.

A cinq cents pas de ce lieu, il y a un grand enclos de hautes murailles, aussi grand que Magny, lequel enclos est la Juderie, les Juifs y étant en assez bon nombre, avec synagogue & bien logés, & cette Juderie n'a qu'une porte qui ferme le soir & ouvre le matin par le soin de celui qui en a la charge. À cinquante pas de la Juderie, il y a une grande maison, ou pour mieux dire, prison, qu'on appelle ‘Segena’ qui est la maison des pauvres captifs chrétiens, d'où on les sort le matin pour aller au travail, & où on les renferme le soir. 

A mille pas delà, il y a un grand enclos de maisons, qu'on appelle la Douane ; c'est la demeure des marchands chrétiens, en laquelle chaque nation avait son appartement, quand il y en avait, & celte maison était aussi sujette à être fermée le soir & ouverte le matin par le soin du portier commis pour cette tâche.

Proche de là, est un grand enclos où est la prison des Mores ; & proche de là, plusieurs petites prisons où on mettait les marchands chrétiens & juifs, quand ils l'avaient mérité. 

Dans toute cette grande ville, il n'y a pourtant que deux juges, 

Les Mores sont fort jaloux, ne s'imaginant pas qu'il puisse y avoir une femme de bien, à cause de quoi ils ne vont point dans les maisons les uns des autres que le maître de la maison n'y soit et qu'il n'aie fait retirer ses femmes. 

Nous avons laissé les eaux des montagnes dans la maison du Roi appelée ‘Bedih’ ; de là ces eaux viennent arroser & fournir la ville en plusieurs endroits, puis sortent entre les deux portes appelées el Khemis & Doukalla, là où elles se rejoignent & font une rivière, mais guéable, qui s'en va du côté d'occident chercher la mer entre Mogador & Safi ; et cette rivière-là s'appelle Tensift. 

Moulay Zidane arbitre entre Catholiques et Protestants

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" Avant que nous sortions de Marroc, il n'y a pas de mal de faire récit de quelques actions de Moulay Zidane, qui en était roi lorsque j'étais en ce pays-là. 

Il y eut un jour de dimanche grande querelle dans la ‘Segena’ entre les esclaves français, parmi lesquels il y avait nombre de Provençaux et quelques Rochelais. Les uns faisaient leurs dévotions en un bout de la ‘Segena’, où ils avaient une chapelle, & même quelques prêtres aussi esclaves qui disaient, la messe ; &  les autres étaient à l'autre bout à faire leurs dévotions dans leurs chambrettes. Gravure tirée du livre d'Albert SAVINE et figurant les coups de batons sur les fesses.
Les Provençaux mutins étant venus troubler les Rochelais chauds & bouillants, ils se gourmèrent si bien, que l'al-caïd de la ‘Segena’ se trouva obligé d'en avertir Moulay Zidane, qui commanda qu'on lui amena deux de chaque côté, ce qui fut fait ; & aussitôt les marchands français y coururent, pour intercéder chacun pour son parti.

Mais après que le Roi eut entendu les parties, & qu'ils s’étaient querellés sur le fait de la religion, il leur fit bailler à chacun cinq cens coups de baston sur les fesses, et leur fit défense de se plus quereller, sur peine de la vie, voulant que chacun exerça sa religion, puisqu'il en donnait la permission. 

Note: Les Provençaux catholiques en nombre vont chercher les Rochelais protestants moins nombreux et les trouvent. Il ne semble pas que les prêtres catholiques soient intervenus pour apaiser le climat de la prison. On constate qu'il y avait des marchands catholiques et des marchands protestants à Marrakech du temps de Louis XIII qui défendent les prisonniers de leur confession. Thomas Le Gendre note que  le Sultan déjà à cette époque voulait que chacun exerça sa religion.

Thomas Le Gendre, parle de l'Islam à Marroc où dans leurs prières les musulmans invoquent plusieurs saints.

" Reste à dire quelque chose de la religion des Mores, & de leur méthode en leurs prières. Ils sont, comme chacun sait, mahométans, mais ils ont pour le moins une douzaine de saints qu'ils invoquent, à la tête desquels ils mettent Mohamet ; ainsi appellent-ils leur Prophète, & non Mahomet. 

Quand ils veulent faire leur ‘sala’, ou leurs prières, ils se lavent les pieds & les jambes jusques aux genoux, & les mains & les bras jusques aux coudes ; & puis il s'assoient à terre la face vers le soleil levant, un chapelet à la main ; après quoi ils invoquent leur Sidi Mohamet, en le priant de prier pour eux ; puis Sidi Bellabech (Sidi Bel Abbès), qu'ils disent être Saint Augustin & ainsi plusieurs autres ; & à chacun, ils se jettent contre terre, touchant la terre de leur front autant de fois qu'ils invoquent de saints, & durant le tour du chapelet. Ils mêlent même parmi leurs saints Notre Seigneur, sous le nom de Sidna Aissa , qu'ils avouent être un grand saint; & quand nous leur demandions de qui il était né, ils nous répondaient: « de Lalla Mariem, de la Vierge Marie » ; & quand nous leur demandions encore comment il avait été conçu au ventre de la Vierge, ils nous répondaient : « du souffle de Dieu » ; à quoi leur répliquant que, par le souffle de Dieu, il fallait entendre l'Esprit de Dieu, & que, par conséquent, Nôtre Seigneur étant né de la Vierge & conçu par le Saint Esprit, il était constant que Nôtre Seigneur était, avec le Père & le Saint Esprit, Dieu & un seul Dieu bénit éternellement ; mais c'est ce qu'ils ne pouvaient & ne voulaient comprendre, & nous rebutaient avec injures..."

Bibliothèque de France. — Imprimés, 03j 2. — Lettre escrite— par Monsieur **** (Thomas Le Gendre) Editée à Paris, par Gervais Clouzier, M.DC.LXX.  

Ces témoignages et cette gravure hollandaise d'Adrian Matham nous apprennent le Marrakech du début du XVIIe siècle, complétement contenu à l'intérieur des remparts de la Médina et ne comprenant pas encore le Guéliz et l'Hivernage. Chacun peut ajouter des commentaires.

29 mai 2021

ILS NOUS QUITTENT

Dominique MARSILIO, Roland ORY gendre du Colonel PATIN et Dolores veuve d'André BESSON moniteur de ski à l'Oukaïmeden.

Ce vendredi 28 mai est décédée à Marrakech Dolores Guillem Gamboa veuve d'André Besson et maman de Geneviève, Alexandre, Patrick et Nicole BESSON; elle avait 93 ans.

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Geneviève nous apprend que l'enterrement aura lieu au cimetière européen de Marrakech , dans l'après midi du lundi 31 Mai à 16H30. La cérémonie comprenra plusieurs textes dont un en langue berbère.

En raison du Covid et des restrictions de communications entre pays, il n'a pas été possible de la rapatrier en Espagne où Dolores vivait habituellement.
 
Photo d'André et Dolores prise en été à l'Oukaïmeden
Postérieurement,  quand les transports entre pays vont se normaliser il est prévu de rapatrier le corps à Annecy en Haute Savoie où repose André Besson.   
Les Marrakchis qui ont connu André Besson et sa famille à Marrakech, à l'école de la Palmeraie et à l'Oukaïmeden seront présents par la pensée dans le cimetière européen de la rue Erraouda au Guéliz où tant d'autres anciens marrakchis reposent. Notre sympathie va à toute la famille et à ses amis.

Nous apprenons le décès de la Marrakchia Dominique MARSILIO, à l'âge de 66 ans. 

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Elle demeurait à Anglet dans les Pyrénées Atlantiques et elle est décédée à Bayonne le 3 mars dernier.

Elle est née à Marrakech le 2 mai 1954. Elle était la fille de Jean et Yvette Marsilio. Jean (dit Jeannot) était cofondateur de l'association des anciens de Marrakech aux côtés de Robert Lucké. Yvette était de la famille Bennot à Marrakech. Jeannot nous avait quitté en juillet 2016 et Yvette six mois plus tard. Dominique avait été élue conseillère municipale de la commune du Pontet à côté d'Avignon en mars 2020.

Les marrakchis présentent leurs condoléances à ses proches et à ses amis de l'armée où elle fit sa carrière. Plusieurs se souviendront de sa participation aux Moussems d'Avignon.

Décès du pilote Roland ORY, promo 60C

Nous apprenons par ses fils Gilles et Patrick le décès de Roland ORY qui après 18000 heures de vol a pris son dernier envol le 27 avril 2021 à l'âge de 83 ans. Ses obsèques ont eu lieu le mercredi 5 mai en l'église paroissiale Saint-Clément de Cornebarrieu (Haute-Garonne), commune proche du centre aréronautique de Toulouse-Blagnac.

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Roland ORY fut élève-pilote à Marrakech dans la promo 60C à l'époque où la BE 707 sous les ordres du colonel Patin devenait la 1re BERP du capitaine Aguizoul. C'est à Marrakech qu'il a connu Françoise Patin.

Roland ORY s'est distingué dans des films avec des prises de vues depuis les hélicoptères qu'il pilotait. Ses amis en trouveront des illustrations sur le site :  la chasse aux trésors 

Nos condoléances vont à Françoise son épouse,  leurs fils Patrick et Gilles ainsi qu'à toute la famille, proches et amis de la promo 60C.

25 mai 2021

HISTOIRE DES PREMIÈRES SALLES DE CINÉMA DE MARRAKECH

Alors que les cinémas sont fermés en raison du COVID 19 et que beaucoup attendent leurs réouvertures, Mangin@Marrakech vous propose un voyage virtuel dans les salles où beaucoup de Marrakchis ont encore des souvenirs.

LA PREMIÈRE SALLE À MARRAKECH : L'EDEN-CINÉMA

EDEN-CINEMA-Pub-de-juin-1913

Dans le premier guide commercial et administratif de Marrakech publié en juin 1913, un seul cinéma est mentionné, le premier à Marrakech. Son propriétaire est M. LEUTHARDT. Il ne s'agit pas d'un débutant, mais d'un organisateur de spectacles expérimenté venu d'Alger, comme quelques autres Algérois, convaincus que le Protectorat au Maroc offrait un nouvel avenir à la ville de Marrakech. La doctoresse Françoise Legey qui fit beaucoup pour les marrakchias et la mise au monde de leurs bébés en créant à Marrakech la première maternité du Maroc pour les marocaines venait aussi d'Alger à la demande du maréchal Lyautey. A côté de ce premier cinéma une brasserie: la Brasserie des Jardins. 

marrakech Cinéma EDEN dec2008

LEUTHARDT était directeur à Alger de l'Alhambra-cinéma; il songe à le moderniser mais retarde ce projet pour lancer l'Eden-cinéma à Marrakech où il le fait construire dès la fin de l'année 1912 dans le quartier de Riad Zitoun Jdid. 

Il ne se sépare pas pour autant de ses projets algérois. Le 26 septembre 1915 il organise la dernière séance à l'Alhambra avec le film "La dame de Montsoreau". Sa nouvelle salle de cinéma est Le Kursaal sur "L'esplanade Bab el Oued" où il convie les cinéphiles d'Alger dès le mois de septembre 1915.

En mars 1919, après la guerre, l'EDEN-CINÉMA est toujours le seul cinéma de Marrakech, puisque Georges Aimel, cadre aux services municipaux, dans un article sur la création du Guéliz sous la direction d'Albert Landais et sur les équipements de Marrakech-Médina ne dénombre qu'un seul café-concert et un seul cinéma. L'Eden-cinéma arrête son activité en janvier 2009. Avec 95 ans de bons et loyaux services il cesse ses projections. Il aura presque vécu 100 ans, loin derrière son homonyme de La Ciotat, la première salle ouverte au monde et restée ouverte encore en 2021.

LE CINÉ-PALACE EST LA DEUXIÈME SALLE DE MARRAKECH. IL EST LANCÉ EN 1926 AVANT L'OUVERTURE DE LA LIGNE DE CHEMIN DE FER CASA - MARRAKECH. Il est situé au Guéliz, avenue des Ouled Delim / avenue Barthou (faisant angle avec rue de Yougoslavie).

Marrakech prend un nouveau développement grâce aux promesses du ferroviaire. La guerre de 1914-1918 avait amputé Marrakech d'une partie de ses entrepreneurs et de sa population, qui pour certains avaient été mobilisés et pour d'autres furent contraints de fermer par absence de clientèle.

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Cinema-Palace, théâtre, photo coll. Friggeri

Les créateurs du Ciné-Palace et de la brasserie du Ciné-Palace sont M et Mme ESCHARAVIL. Ils mettent un point d'honneur à équiper leur salle des derniers perfectionnement en son, en luminosité de l'écran, en confort des sièges, etc..

LA TROISIEME SALLE EST L'IDÉAL-CINÉMA, PRÉSENT EN 1928, MAIS QUI CHANGERA DE NOM POUR RÉGENT-CINÉMA. La famille SALORT, originaire aussi d'Algérie avait investi et fait construire un vaste ensemble immobilier situé avenue du Guéliz, qui deviendra plus tard l'avenue Mangin, puis Mohammed V. 

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La famille SALORT était donc propriétaire de l'Idéal-Cinéma.  Le café SALORT se trouvait dans le même ensemble immobilier. Mais gérer un cinéma n'était pas le métier de la famille, ils préférèrent louer la salle à un professionnel, lequel changea le nom de l'enseigne en Régent-Cinéma.

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Ce sont les Ets SEIBERRAS de Casablanca qui gèrent la programmation et l'exploitation de  l'Eden-Cinéma et du Régent-Cinéma qui est lui même affilié au groupe Pathé-Cinéma. Sur place M. Sentenac directeur des Ets SEIBERRAS à Marrakech en assure la direction depuis 1927. Artur Tosi lui succéde en 1934.

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LE PACHA-CINÉMA OUVRIT LA QUATRIÈME SALLE DE MARRAKECH. Le PACHA était situé rue Bab-Doukkala. Mais ce fut un cinéma éphémère, dont on n'entend plus parler après 1930.

Ainsi Marrakech avait deux salles en médina et deux salles au Guéliz, comme l'annuaire de l'Automobile et du Tourisme au Maroc le présente: curieusement le Ciné-Palace est le seul à ne pas avoir le téléphone.

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En 1934, à côté du cinéma Palace on trouve le Restaurant Garret, mais il change de nom en Brasserie de l'Atlantide. En médina on n'entend plus parler du Pacha-Cinéma, mais apparait une nouvelle enseigne...

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LE REX-CINÉMA OUVRE LE 8 AOUT 1934 - - Direction M. LA ROCCA - La salle est située rue de l'Arsat el Maach, elle est conçue par l'architecte Haberlach. Elle est moitié couverte, moitié à ciel ouvert. C'est la 3e salle créée en Médina après l'Eden et le Pacha. Le premier film projetté sur l'écran est 'La naissance du Monde'. La presse présente les programmes de ses séances en deux parties, d'abord les comiques, puis le long métrage: 'les Trois Mousquetaires'.  Mais le décés de la fille de 2 ans du directeur La Rocca semble avoir provoqué indirectement la fermeture du REX en 1936.

Dès 1934 des modifications importantes deviennent nécessaires pour les deux cinémas du Guéliz. En avril 1934 c'est le Régent-cinéma qui à l'occasion de la Foire annuelle se distingue en changeant la totalité de ses sièges. C'est ce que rapporte la presse: "En quelques jours seulement, réalisant un record, la direction a fait procéder à l'emménagement de nouveaux fauteuils, rembourrés, élégants, infiniement plus confortables que les sièges accoutumés" Les sièges antérieurs étaient des plaques de bois basculantes.  La direction de l'EDEN et du RÉGENT est en charge d'Artur TOSI depuis 1934.  Il gére la programmation, la publicité des spectacles, la billeterie et la gestion du personnel des deux salles. Mais c'est la famille MAHEU de Marrakech qui a achété le fonds de commerce de ces deux cinémas. Elle est aussi propriétaire du Café Glacier de la Place Jemaa El Fna.

La famille TOSI est déja bien implantée à Casablanca où Ugo TOSI est reconnu comme un excellent professionnel du cinéma. C'est son jeune frère qui prend la direction des deux cinémas dont M. MAHEU est propriétaire du fonds.

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La salle du Cinema-Palace adaptée au théâtre.

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LE CINÉMA LUX:  Après avoir rénové complétement la salle du Cinéma Palace en l'équipant d'une scène de théâtre et de meilleurs équipements en son et en luminosité de l'écran, la famille ESCHARAVIL crée en 1938 le Cinéma LUX.  Il est situé à côté du Palace sur le terrain laissé libre après la destruction de la Brasserie de l'Atlantide. Le LUX est un cinéma à l'extérieur dans un environnement arboré, mais la publicité préfère indiquer le "Palace plein air". Avec cette transformation du Cinéma Palace en théâtre et la création du LUX, la famille ESCHARAVIL prend l"avantage sur la famille TOSI. Mais la famille TOSI va réagir moins de trois ans plus tard.

LE CINÉMA LE PARIS: En mars 1941 Henri MAHEU vend les fonds de commerce de l'Eden et du Régent à la famille TOSI qui crée en plus LE PARIS, cinéma de plein air situé avenue Landais  pour concurrencer le LUX (voir publicités dans la presse locale).

Il s'en suit qu'en octobre de la même année le CINÉMA LUX est modifié par le cabinet d'architectes Mrèches et Bellanger, les mêmes architectes qui ont réalisé le Casino de l'Hivernage. Plus tard en 1947, M. Pierre FRIGGERI, apparenté à la famille ESCHARAVIL devient directeur des cinémas PALACE et LUX. 

Cette course pour la meilleure salle entre les deux familles TOSI et ESCHARAVIL va tenter un troisième concurrent: Elias BENHAMOU va se mettre sur les rangs.

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Le ROXY apparait au Guéliz, rue Alexandre 1er de Yougoslavie en juillet 1949 il est qualifié de "cinéma le plus moderne et le plus riant de Marrakech". Deux entreprises ont été mises à contribution: la société Hernandez qui n'a pris qu'un mois pour la construction et l'amé-nagement et la société Timsit qui en 4 jours a réalisé l'installation électrique.  Son propriétaire Elias BENHAMOU a fait équiper le ROXY du tout dernier modèle de la "Western Électric" système Westrex, et la sonorisation par le Groupe Cyciex, lanternes de projection américaines. 900 spectateurs prévus.

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Elias BENHAMOU a de grandes ambitions puisqu'il prévoit également la construction d'un cinéma en Médina: le MABROUKA.

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 La presse annonce dans une publicité rédactionnelle: "Mille deux cents places confortables, de vastes dégagements, des éclairages indirects au néon, un plafond à eclipse, un sol à double pente qui permet une vue totale pour les spectateurs du parterre, et un acoustique encore inégalé à Marrakech. La salle de tonalité cerise et blanc (les murs étant recouverts sur toute leur hauteur de plaques d'amiantes) pourra être utilisée comme théâtre ou salle de conférences". Le MABROUKA ouvre en avril 1950 à proximité de la rue Bab Agnaou, aujourd'hui passage du prince Moulay Rachid. 

Cependant le 27 aout 1954 l'immeuble en construction à côté du ROXY s'effondre: c'est un drame, 9 ouvriers décédés et des blessés. Le premier témoin qui a prévenu les pompiers avait pris des photos. Il a écrit un article pour les anciens de  Marrakech. Cliquer pour lire le récit de Maurice Calas.

LES NOUVEAUX CINÉMAS DE MARRAKECH CRÉÉS À LA FIN DU PROTECTORAT

Dans l'annuaire de 1956 apparaissent les dernières ouvertures de salles en Médina et au Guéliz:

En médina:

- Cinéma ATLAS, rue du Dr Linares, rue Bani-Marine

- Cinéma MARHABA à Bab Taghzout

De même au Guéliz:

- LE COLISÉE est créé en 1953, avenue Landais, Bd Zerktouni par les frères TANUDJI. L'architecte Georges Peynet le fit bénéficier des perfectionnements les plus récents.

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Le Colisée sera racheté en 1972 par Saïd Layadi: quelques mois plus tard M. Friggeri vend le Ciné-Palace, dont l'activité sera prolongée jusqu'en 1984. 

De tous ces cinémas restent aujourd'hui le Mabrouka et le Colisée. Mais nos souvenirs et ceux de nos anciens comprennent tous les autres .  Peutêtre que cet article vous fera vous souvenir des bons moments passés au ciné en couple ou en groupe de copains ou copines.. peutêtre auriez-vous conservé des photos  ou documents concernant ces cinémas que vous aimeriez partager sur le blog ?

De même si vous avez des souvenirs des cinémas ouverts dans les années 60 ou 70 qui ne figurent pas sur cette liste vous pouvez les ajouter aussi dans les commentaires.  

5 mai 2021

LE PREMIER ÉVÊQUE DE MARRAKECH, UN CLANDESTIN SANS PAPIERS...

D'AUCUNS CROYAIENT QUE LE PREMIER ÉVÈQUE DE MAROC (établi à Marrakech) ÉTAIT FRANCISCAIN ET AVAIT ÉTÉ NOMMÉ EN 1246, UN DOCUMENT DÉCOUVERT PAR UN RÉVÉREND-PÈRE DOMINICAIN ATTESTE QU'IL Y AVAIT EN 1115 UN ÉVÈQUE À MARRAKECH, DONC AVANT LA CRÉATION DES FRANCISCAINS ( février 1209).

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Notre cher ami Joseph DADIA dont l'érudition sur la Ville rouge est immense, nous révèle un livre/opuscule de 39 pages du Révérend Père THERY, dominicain, spécialiste de l'histoire et des philosophies du Moyen Age dont le contenu nous interpelle. Joseph DADIA, qui doit être l'un des rares marrakchi à disposer de ce livre, sinon le seul, a bien voulu rédiger un nouvel article pour le blog Mangin@Marrakech. Nous l'en remercions très chaleureusement, nous faisant les interprètes de tous les amoureux de Marrakech et de son histoire.

Un  évêque  à Marrakech - Circa 1115

Il s’agit du premier évêque captif de Marrakech, texte écrit  par le R.P. Théry, O.P., 39 pages, s.d.

Cet évêque habitait dans la Médina de Marrakech ver 1115. Il vivait caché et il n’osait pas déclarer sa personnalité.

Mon souhait est de faire connaître des  événements peu connus de Marrakech.

Les faits : Marrakech date de 1062, « une ville ruisselante de beauté, » qu’alimente le Tensift. En ce temps-là, Aghmat était, avec Nafis,  une grosse agglomération située à quarante  kilomètres au sud-est de Marrakech. Il y avait à Aghmat une importante communauté juive, dont je parlerai dans un autre texte. Les Almoravides arrivent à Aghmat en 1057. Ce sont les Juifs d’Aghmat qui conseillèrent aux Almoravides d'acheter un terrain appartenant à une vieille dame. 

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Pour d’autres, le terrain appartenait à un esclave noir, du nom de Marrakech. C’est sur ce terrain que sera édifiée la première cité de Marrakech.  Les derniers vestiges d'Aghmat: un hammam.

Revenant à l’homme qui se cachait. C’est l’objet de cette très courte monographie. Il affirme être musulman quand il est apostrophé. En réalité, c’est un chrétien, un prêtre, un évêque.

Une enquête est ordonnée et un procès-verbal est établi par le cadi de Marrakech. Ce chrétien avait embrassé l’Islam et, publiquement, il se montrait musulman. Puis on apprit qu’il  était resté chrétien.

« On perquisitionna dans sa maison et l’on y trouva  une chambre ressemblant  à une chapelle, dans laquelle était une alcôve cintrée tournée vers l’orient et plus étroite que le reste de la pièce, avec une lampe à huile suspendue et divers objets sur lesquels étaient des restes de cierges fondus. On y trouva une croix. »

  Le cadi s’appelait Aboû Imram Moûsa ibn Hammâd as-Sanhâdji, jurisconsulte malékite.

  Ce chrétien de Marrakech  était un ancien captif amené d’Espagne, et il parlait arabe.

  L’évêque a été déporté en Espagne aux environs de 1115.  

  Ce qui concerne cet évêque est  passé totalement inaperçu même chez les historiens anciens.

  L’essentiel est là. Cet évènement fait partie de notre Histoire de Marrakech.

 Fait à Kervenic-en-Pluvigner, le 19 avril 2021.

 Joseph DADIA

RP-Thery-Gabriel

Souhaitons que cette information qui repose sur le procés-verbal du cadi Aboû Imran Mûsa ibn Hammâd as-Sanhâdji, jurisconsulte malékite, soit étudiée de manière plus approfondie par des historiens d'Espagne, de Marrakech et du Vatican qui pourront nous dire à partir d'autres documents le nom et l'histoire personnelle de cet évêque de Marrakech de la fin du XIIe siècle.

Portrait du RP Thery O.P. qui aurait publié cette histoire en 1925.

Par une autre source nous savons que Aboû ‘Imràn Mûsâ ibn Hammàd As-Sanhâdji, jurisconsulte malékite, était originaire d’Al-‘Oudwa de Ceuta. Il fut câdî de Grenade, puis de Marrakech, où il mourut alors qu'il était toujours en fonction à la date de Dhoâ l. Qa’-da 535 (= 8 juin 8 juillet 1141). Cf. Ibn Bashkouâl, Kitâb as-sila, éd. F. Codera, p. 554, notice 1228. 

Nous connaissons d'après l'histoire ecclésiastique plusieurs noms de religieux, prêtres et évêques chrétiens au Maroc:

- Au milieu du IXe siècle, le géographe Arabe El-Bekri nous apprend que Tlemcen possédait des églises fréquentées par des chrétiens. Ce qui laisse à penser que Tlemcen n'était pas le seul lieu du nord de l'Afrique où se trouvaient des églises. Cependant les autorités musulmanes les persécutèrent et les firent disparaitre. Ces autorités musulmanes repoussèrent aussi dans les montagnes ceux qui pratiquaient l'ancienne religion berbère et ceux qui adhéraient à la religion juive. Les berbères ont été contraints à l'Islam, mais ont gardé certaines pratiques de leur religion ancestrale qui subsistent encore aujourd'hui. Les juifs dont les activités économiques intéressaient les autorités musulmanes furent protégés quoique méprisés, leur habitat fut séparé et ils purent conserver leur religion en restant regroupés.

- Les chrétiens étaient tués ou mis en prison; deux ordres religieux se créèrent en 1198 et en 1218 pour opérer le rachat des captifs chrétiens. Pour la plupart des marins, des pécheurs ou des voyageurs dont les bateaux s'étaient égarés en méditerrannée ou le long des côtes africaines à la suite de tempêtes. Les Trinitaires furent institués les premiers par Jean de MATHA et Felix de VALOIS. Ils rachetèrent en une seule année 186 captifs chrétiens; c'était la dernière année du règne de l'Emir YACOUB EL MANSOUR. L'orde de Notre Dame de la MERCY fut fondé par Pierre de NOLASQUE, aidé par Raymond de PENAFORT. Les négociations nécessitaient une présence de ces religieux dans la proximité des captifs d'une part, des autorités d'autre part. Ils habitaient au mellah dans le quartier juif. Ils échangaient les prisonniers chrétiens contre des rançons après des négociations qui pouvaient traîner en longueur. Ils risquaient leurs vies. Certains furent tués.

- L'ordre de SAINT-FRANÇOIS est créé en 1209. Les cinq Saints martyrs de Marrakech étaient prêtres franciscains. Ils s'appelaient Bérard, Pierre, Othon, Adjutus et Accurse. Ils sont morts décapités à Marrakech le 16 janvier 1220. Les huit cents ans de cet anniversaire furent célébrés l'année dernière à Marrakech très discrètement.

- Vers 1230 le Saint-Siège put se mettre en relation avec des communautés de chrétiens formées au Maroc depuis l'Espagne, tolérées et même protégées par les Emirs qui utilisaient les compétences de mercenaires chrétiens soit dans l'armée, soit dans la construction de palais, soit dans l'organisation de transports logistiques. Un évéché fut établi à Fez, puis à Marrakech pour ces petites communautés d'expatriés et les évêques s'y succédèrent sous les derniers Almohades et du temps des Mérinides, sans être totalement en sécurité. Plus tard en 1544 sous la dynastie des Chérifs Saadiens, les chrétiens furent systématiquement chassés et persécutés. Le dernier évêque de Marrakech, don SÉBASTIEN de OBREGON, s'était déja retiré à Séville à cette date.

- DOMINIQUE, frère prêcheur, dominicain, fut martyrisé le 16 septembre 1232

- AGNELLO, franciscain, évêque de Fez parait avoir succédé au frère prêcheur DOMINIQUE. Le 27 mai 1233 le Pape de Rome GRÉGOIRE IX le recommandait aux fidèles de cette contrée ainsi qu'à Thibault, comte de CHAMPAGNE. AGNELLO mourut vers 1246. 

- LOPE 1- également franciscain 

Les évêques de Marrakech reconnaissaient Séville comme métropole. Le Pape de Rome INNOCENT IV écrit aux princes Almohades et Hafsides, ainsi qu'aux rois et princes de Bougie et de Capsa afin de recommander les moines franciscains. Par une autre lettre "universis christianis in Africanis partibus constitutis" adressée aux chrétiens d'Afrique du nord, il notifiait que leur nouvel Évêque de Marrakech avait reçu l'héritage complet des pouvoirs spirituels exercés sur eux par ses prédécesseurs et les avertissait de lui obéir comme au père et pasteur de leurs âmes.

Les religieux Trinitaires anglais subissent le martyre à Marrakech; en 1255, Gilbert et Edouard sont exécutés. En 1263 Patrice et William périrent brûlés vifs, en 1326 Firmy et Sylvestre furnt pendus.  Mais grâce aux deux ordres religieux qui oeuvrent pour le rachat des captifs et aux donateurs européens qui les aident ce sont plusieurs milliers de captifs qui ont pu être libérés et rapatriés en Europe au cours des ans.

. LUPUS 2 - Le pape aurait changé son nom de Lupus (Loup) en Agnus (Agneau). Il serait mort à Saragosse en 1266.

Nous ne pouvons pas lister ici tous les religieux qui furent confirmés dans leurs fonctions par les papes de Rome. Contentons-nous de préciser qu'une bulle donnée en 1290 par le pape NICOLAS IV, reconnaît pour son légat, RODÉRIC, Évêque de MAROC (Marrakech). 

Il y eut aussi à partir de 1413 un évêque de Marrakech originaire de France nommé par le Saint-Siège, il s'appelait AYDOMAR d'ORLÉANS. En 1424 il était évêque à Ceuta.

Aujourd'hui Marrakech dépend de l'Archidiocèse de Rabat dont l'évêque est Monseigneur CRISTOBAL. A noter qu'un institut oecuménique créé par les catholiques et protestants du Maroc forme ses étudiants depuis 2012 à différents aspects de la théologie et en particulier à la connaissance de la culture et de l'Islam marocain. Il s'appelle Al Mowafaqa ("accord" en arabe) et le nombre de ses inscrits augmente chaque année: https://www.almowafaqa.com

Le Pape François a déclaré: "... Je considère comme un signe prophétique la création de l'Institut Œcuménique Al Mowafaqa, à Rabat en 2012, par une initiative catholique et protestante au Maroc, Institut qui veut contribuer à promouvoir l'œcuménisme ainsi que le dialogue avec la culture marocaine et avec l'Islam.

Cette louable initiative traduit le souci et la volonté des chrétiens vivant dans ce pays de construire des ponts pour manifester et servir la fraternité humaine."

29 avril 2021

ÉLÈVES DE SARAH ET ROGER BOST EN 1954

UN ANCIEN PROGRAMME DES AUDITIONS DE PIANO EN MAI 1954 NOUS PERMET D'ÉVOQUER LES ARTISTES EN HERBE QUE NOUS ÉTIONS OU QUE NOUS CONNAISSIONS ET DE FAIRE REVIVRE LA MÉMOIRE DE NOS BRILLANTS PROFESSEURS.

Roger-Bost-dromadaire Roger BOST n'était pas seulement un pianiste concertiste et un professeur de musique hors pair, il pratiquait aussi la montagne et le tennis. Ici il monte un dromadaire en 1954 à la kermesse protestante de l'Hivernage. Mme BOST jouait aussi au tennis club de Marrakech.

Nous devons le précieux programme des auditions de mai 1954, pieusement conservé dans leurs archives par Daniel et Catherine LERAIS. Nous les remercions pour ce retour dans nos souvenirs.

Roger-Bost-mai-1954Cliquer sur le programme pour avoir une meilleure image...

Ces auditions commençaient par les plus jeunes et les moins expérimentés, mais dont l'avenir était plein de promesses: Anne et Genevieve FASSERO, Hélène BONNIOT et Hélène LOTAN, Hilda LASRY, Georges NARDOU, Marie-Xavière JEAN, Raymond PERRENOUD, Christine AUBERSON, Louis BONNIOT, Françoise NARDOU, Marion WACHSMUTH, Robert ANTON, Madeleine MAILLARD, Michèle AUMEUNIER et Michel de MONDENARD. 

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 Cliquer sur le programme pour agrandir l'image

La deuxieme partie commençait par le Quatre mains des soeurs Maryse et Colette SIKSOU. Venaient ensuite les solos de Maryse SIKSOU, Irène TROUPOSKIADES, Bernadette CORIAT, Marguerite NOTO, Brigitte ACCARD, Hélène OBADIA, Michèle LACATON, George-Anne KERANGUEVEN, Nadine TREJANT, Jocelyne EMERY, Lucienne FELICIAN, Philippe DUCOUX, Nicolle SIFFRE, Josette JUAN, Viviane RBIBO, Simone PERRENOUD, Janine LÉVY, Françoise ACCART, Danièle ACCART, Michèle PERROS, Nicole ORIEZ, Annie MAHINC.

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 Cliquer sur le programme pour lire plus facilement.

La troisième partie s'ouvrait aussi par un quatre mains de Michelle GERMAUX et Alain du COLOMBIER et se poursuivait par les solos des virtuoses: Lida ARRAKELOFF, Gisèle OBADIA, Annie VIVIER, Reine MIMRAN, Suzanne BOYER, Alain du COLOMBIER, Monique ROUSSELET, Juliette CANTARD, Michelle GERMAUX, 

Pour le final un quatre mains de Marcelle HARROSCH et Éva MIMRAM, suivi de deux solos: du Debussy avec Marcelle HARROSCH et du Chopin avec Eva MIMRAM. Lucien BOUTRY mit énergiquement la touche finale avec du Saint-Saëns et du Bela Bartok.

Plusieurs programmes et photos des cours de M & Mme BOST ont déja été publiés sur ce blog: cliquer sur la date du 28 décembre 2008. N'oubliez pas de compléter par une ou plusieurs phrases de commentaires.

Nous y trouvons une photo avec ses élèves de 1928. Nous avons même repéré dans le Petit marocain du 17 avril 1938 quelques noms de ceux qui ont participé aux auditions de l'année. Cela intéressera peutêtre leurs petits enfants.

Les années précédentes les auditions avaient lieu dans la vieille salle de Dar Baroud. Pour la première fois en 1938 les auditions eurent lieu dans la toute nouvelle salle vitrée du Hartsi.  Le journaliste cite quelques noms:

"Cette année comme les autres , nous avons pu remarquer les réels progrès des élèves entendus l'an dernier, notamment les deux jeunes Pourtau, qui témoignent déjà à sept ans d'un véritable talent. (Le Docteur Pourtau était le médecin hygiéniste de la ville rouge). Citer tous les élèves est impossible, mais nous nous plaisons à relever les noms  de Lucette ENARD, Renée de VERDILLON, Maurice ABERT, Henri CORNET, Suzanne ARIN qui furent les principaux artisans du succès de cette charmante matinée. Mais tous les élèves sans exception ont largement mérité les applaudissements qui ne leur ont pas été ménagés.

Cette petite fête de famille a été brillament clôturée par l'éxécution d'une ballade de Chopin que M. BOST a joué avec sa maîtrise coutumière et nous sommes heureux de le féliciter pour le beau succès de son audition."

Roger BOST était aussi le secrétaire de l'Association des amis de la Musique à Marrakech. Le président en était Maître ARIN avocat et le trésorier le Lt PERDEREAU, chef de musique du 4e étranger. Lors de la saison 1936-37 il y avait au programme à Marrakech en février le pianiste et compositeur Francis POULENC; en avril Robert CASADESUS, mais aussi en novembre le violoniste Jean HUBEAU, et bien d'autres célébrités de la musique et du chant.

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